nous ALGERIE, Terre d'Afrique: Saint-Augustin

01 février 2012

Saint-Augustin


Né le 13 novembre 354. Décédé le 28 août 430 (à l'âge de 75 ans) 

Augustin d'Hippone (Aurelius Augustinus), ou saint Augustin, né à Thagaste (actuelle Souk-Ahras, Algérie) le 13 novembre 354, mort le 28 août 430 à Hippone (actuelle Annaba), était un philosophe et théologien chrétien, évêque catholique d'Hippone, et un écrivain romain d'origine berbère de l'Antiquité tardive.



Il est l'un des principaux Pères de l'Église latine et l'un des 33 Docteurs de l'Église. Les catholiques célèbrent sa fête le 28 août, anniversaire de sa mort. Sa tombe se trouve à Pavie.


Saint Augustin est le seul Père de l'Église dont les œuvres et la doctrine aient donné naissance à un système de pensée : l'augustinisme. Son influence est marquée à travers les âges, depuis Paul Orose jusqu'à Paul Ricœur, en passant par Anselme de Cantorbéry, Thomas d'Aquin, Luther, Calvin, Pascal, Adolf von Harnack, Hannah Arendt... Elle fut immense sur toute l'histoire de l'Église en Occident : l'augustinisme imprégna en effet toute la réflexion philosophique et théologique médiévale, puis alimenta les débats lors de la Réforme protestante, puis encore le jansénisme. Les débats suscités par l'interprétation de l'augustinisme ont largement contribué aux conceptions modernes de la liberté et de la nature humaine. . . . . .




Augustin narre sa jeunesse dans ses Confessions
Il est né à Thagaste, ville d'Afrique du Nord appartenant à l'empire romain, et de l'ancien royaume de Numidie. Son père, un citoyen romain païen du nom de Patricius, était un modeste notable de la ville. Sa mère, Monique, une chrétienne, d'origine berbère (son nom est punique), transmit sa foi à ses enfants et gagna son mari au christianisme à la fin de sa vie. Augustin avait un frère, Navigius, et une sœur, future préposée du monastère d'Hippone. La langue maternelle d'Augustin est le numide (qu'il cite clairement dans son œuvre "Les confessions"), mais sa culture est latine, et il connaît à peine le grec : élève doué mais indocile, il détestait l’école et craignait le châtiment de ses maîtres. Son père, qui nourrit de grandes ambitions à son égard, le destine au métier d’avocat, étape pour le haut-fonctionnariat ; Augustin étudie d’abord à Madaure, à partir de l’âge de seize ans, où les études sont centrées sur l’éloquence et la mémoire, ce qu’il blâma dans ses Confessions (livre I).

Son père, bien que de condition modeste, réunit l’argent nécessaire pour l’envoyer à Carthage poursuivre des études appropriées à son intelligence précoce. C’est peu avant son départ que se situe le fameux épisode du vol des poires.

Il est à Carthage à la fin de l’année 370. Son père meurt peu après, et Augustin devient le protégé de Romanianus ; il raconte le climat de sensualité exacerbée de la ville (« la chaudière des honteuses amours »), les plaisirs de l’amour et du théâtre :

« J’aimais à aimer...aimer et être aimé c’était plus doux pour moi si je pouvais jouir aussi du corps de l’être aimé.» 

Mais cet aspect de sa vie paraît légendaire, au vue de certains passages des Confessions :

« Je feignais d’avoir fait ce que je n’avais pas fait, pour n’être pas jugé d’autant plus méprisable que j’étais plus innocent et tenu pour d’autant plus vil que j’étais plus chaste. » 

Il rencontre cependant la femme à laquelle il resta fidèle pendant quatorze ans, et de laquelle il eut un fils, Adéodat, dont il fait un interlocuteur dans le dialogue Du maître.

Augustin vise alors le professorat de rhétorique. Trois événements vont jouer un rôle important dans sa vie :

- Il lit l'Hortensius de Cicéron, une œuvre aujourd'hui perdue, qui suscite en lui un violent désir de sagesse : la recherche de la vérité est une profonde motivation de la personnalité d’Augustin. 

- Il commence également à lire les Ecritures, dont il juge l’écriture fort grossière en comparaison de l'orateur romain. En effet, il les lit dans la mauvaise traduction de la Bible latine d'Afrique (Vetus Africana), pleine d'argot, et peu conforme aux règles littéraires du latin classique. 

- Il rencontre les manichéens et adhère à leur doctrine, en demeurant cependant simple auditeur : Augustin fut manichéen, au grand désespoir de sa mère qui refusa un temps de le recevoir dans sa maison, une religion dualiste pendant 9 ans, puis ébloui par le néoplatonisme de Plotin, en particulier par son principe du Un-Bien. 

Il retourne à Thagaste en 375 et y enseigne la grammaire. À la suite d’une victoire dans un concours de poésie, il devint un familier du proconsul de Carthage, Vindicius, un médecin qui, s’apercevant de la passion d’Augustin pour l’astrologie, parvint à l’en détourner en lui faisant voir que le succès de quelques prédictions n’est que le fruit du hasard :

« Puisqu’il arrive souvent, disait Vindicien, qu’en ouvrant à l’aventure le livre d’un poète avec l’intention d’y trouver quelque lumière dont on a besoin, on tombe sur tel vers qui s’accorde merveilleusement avec ce que l’on y cherche, bien qu’en le composant ce poète eût, sans doute, tout autre chose dans l’esprit, il ne faut pas s’étonner si, poussé par quelque instinct secret qui le maîtrise et sans même savoir ce qui se passe en lui, par pur hasard enfin et non par sa propre science, les réponses d’un homme s’accordent quelquefois avec les actions et les aventures d’un autre homme qui vient l’interroger. »

Il écrit sa première œuvre, une œuvre d’esthétique, De Bono et Apto, qui est perdue, en 380. Il rencontre l’évêque Faustus avant de quitter Carthage pour Rome. Cette rencontre est pour lui décevante car l’évêque se révèle n’être qu’un agréable imposteur.

Il décide de partir pour Rome.

À Rome, où il est professeur de rhétorique, Augustin est logé chez un auditeur des manichéens et fréquente la secte. Mais il doutait sérieusement de cette doctrine, et inclinait à croire les académiciens pour qui la vérité n’est pas connaissable. Il tomba malade au point de se croire mourant.

En 384, dégoûté par les attitudes de ses élèves, il gagne Milan, où il se retrouve au cœur d'une société fréquentée par les poètes et les philosophes particulièrement platoniciens. Sa mère finit par l’y rejoindre. Il y rencontre Ambroise de Milan, l'évêque de la ville dont il suivit les homélies avec assiduité. À cette époque, influencé par les discours d’Ambroise, il décide de rompre avec le manichéisme, « ne croyant pas devoir, en pleine crise de doute, me maintenir dans une secte au-dessus de laquelle je plaçais déjà un certain nombre de philosophes. » L’idée d’un combat entre le mal et le bien lui semblait absurde, car le principe mauvais du manichéisme ne pouvait en réalité rien contre un dieu immuable et éternel. Cependant, il restait la question de l’existence du mal permis par Dieu.

Il songea à se marier : un riche mariage pour lequel il devait encore attendre deux ans, la jeune fille n'ayant pas encore l'âge. Or, pour rendre possible le mariage, sa concubine avec laquelle il vivait depuis quinze ans, dont on ne sait pas le nom (elle se serait retirée dans un couvent, ne voulant plus connaître d'homme), avait été renvoyée. Ne pouvant patienter, il prit une nouvelle maîtresse.

C’est vers ce moment qu’Augustin, tourmenté par le problème du mal, découvre Platon et les platoniciens. Il comprend que le mal n’est rien, mais la philosophie païenne demeure encore loin pour lui de la véritable voie, qui est la voie de Jésus.

Lorsqu'il se convertit au christianisme en août 386, - tardivement puisqu’il avait presque 32 ans - en fait, il s’agit d’une religion qu'il connaît pratiquement depuis toujours. Il dit lui-même dans ses Confessions qu’il l'a tétée avec le lait de sa mère. En fait, la conversion d'Augustin, d'ailleurs très dramatique sur le plan psychologique, est moins une conversion au christianisme qu'une conversion au paulinisme. La découverte de Paul de Tarse qu'il ne connaissait pas, lui fait voir tout à fait différemment non seulement le christianisme qu'il connaissait, mais aussi le judaïsme. Il est remarquable qu'à une date aussi tardive que la moitié du IVe siècle, on puisse connaître le christianisme sans connaître Paul. À Carthage, deuxième ville de l'Empire, a donc cours un christianisme qui ne connaît pas Paul ?

Il veut se faire moine. La conversion d’Augustin va de pair avec le choix de la vie monastique. En devenant chrétien, il n’envisage pas de devenir évêque ni même prêtre.

Sa conversion est décrite au chapitre XII du livre VIII des Confessions :

« Ainsi, disais-je, et je pleurais dans l'extrême amertume de mon cœur broyé. Et voici que j’entends une voix venue de la maison voisine, celle d'un garçon ou d'une fille, je ne sais qui, sur un air de chanson disait et répétait à plusieurs reprises : « Prends, lis ! Prends, lis ! » Et aussitôt, changeant de visage, je me mis à réfléchir intensément, en me demandant si dans un jeu une telle ritournelle était habituellement en usage chez les enfants. Mais, il ne me revenait pas de l’avoir entendue quelque part. Et, refoulant l’assaut de mes larmes, je me levai, ne voyant d’autre interprétation à cet ordre divin que l’injonction d’ouvrir le livre et de lire le premier chapitre sur lequel je tomberais. Je venais, en effet, d'apprendre qu'Antoine avait tiré de la lecture de l'Évangile pendant laquelle il était survenu par hasard un avertissement personnel comme si c'était pour lui qu’était dit ce qu’on lisait : « Va, vends tout ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Viens, suis-moi », et qu’un tel oracle l'avait aussitôt converti à Toi. Je me hâtai donc de revenir à l'endroit où Alypius était assis ; car c’est là que j’avais posé le livre de l'Apôtre quand je m'étais levé. Je le saisis, je l'ouvris, et je lus en silence le premier chapitre sur lequel tombèrent mes yeux : « Point de ripailles ni de beuveries ; point de coucheries ni de débauches ; point de querelles ni de jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous faites pas les pourvoyeurs de la chair dans ses convoitises. Je ne voulus pas en lire davantage : je n’en avais plus besoin. Ce verset à peine achevé, à l’instant même se répandit dans mon cœur une lumière apaisante et toutes les ténèbres du doute se dissipèrent. » 

Après sa conversion, Augustin abandonne le métier de rhéteur, qui commençait d’ailleurs à altérer sa santé. L’un de ses amis mit à sa disposition une villa à Cassiciacum près de Milan. Il partagea ce séjour avec sa mère, son fils Adéodat, son frère Navigius, et quelques-uns de ses amis. Ils discutaient philosophie, et c’est de ce séjour que datent le Contre les Académiciens, De l’ordre, le Traité de la vie bienheureuse, les Soliloques, et des lettres.

Dans le Contre les Académiciens, œuvre qui se compose de deux livres et qui met en scène les élèves d’Augustin défendant le pour et le contre, Augustin s’attache à réfuter les thèses de la Nouvelle Académie, école platonicienne dont le chef fut Arcésilas. Pour ces philosophes, l’homme ne peut connaître la vérité et le sage est celui qui suspend son jugement. Augustin pose les questions de savoir si nous sommes obligés de connaître la vérité, et si la possibilité d’être heureux sans la connaître nous dispenserait de la chercher. Or, puisque la vie heureuse est « la vie conforme à ce qu’il y a de meilleur et de plus parfait dans l’homme » on ne saurait être heureux, comme le soutient Cicéron, dans un état de recherche qui n’aboutit pas. Dire que nous sommes impuissants à découvrir la vérité, c’est dire que les facultés qui nous rendent supérieurs aux animaux sont inutiles. Augustin passe en revue les philosophies hellénistiques, puis expose la thèse de Platon à propos des deux mondes, l’un intelligible et vrai et qui se dérobe aux sens, l’autre qui n’est que vraisemblable et copie le premier. Or, c’est selon lui du monde divin que descend la lumière qui éclaire l’âme, et tout ce qui est bon imite les régions supérieures. Augustin indique que les Nouveaux Académiciens ont caché cette vérité, pour la soustraire aux attaques de leurs adversaires, et ont feint de soutenir un scepticisme dogmatique. (Cette thèse d’histoire de la philosophie a été longtemps discutée, et il semble qu'elle soit finalement fausse, si l’on en croit Victor Brochard, dans Les Sceptiques grecs). Mais c’est en fin de compte Dieu qui nous permet, dans notre quête de la vérité, de contempler les réalités célestes, car la raison humaine est trop faible ; la pensée d’Augustin est donc une synthèse de platonisme et de christianisme :

« De quelque manière que je possède la sagesse, je vois que je ne la connais pas encore. Cependant, n’étant encore qu’à ma trente-troisième année, je ne dois pas désespérer de l’acquérir un jour ; aussi suis-je résolu de m’appliquer à la chercher par un mépris général de tout ce que les hommes regardent ici-bas comme des biens. J’avoue que les raisons des Académiciens m’effrayaient beaucoup dans cette entreprise; mais je me suis, ce me semble, assez armé contre elles par cette discussion. Il n’est douteux pour personne que deux motifs nous déterminent dans nos connaissances : l’autorité et la raison. Pour moi, je suis persuadé qu’on ne doit, en aucune manière, s’écarter de l’autorité de Jésus-Christ, car je n’en trouve pas de plus puissante. Quant aux choses qu’on peut examiner par la subtilité de la raison (car, du caractère dont je suis, je désire avec impatience ne pas croire seulement la vérité, mais l’apercevoir par l’intelligence), j’espère trouver chez les platoniciens beaucoup d’idées qui ne seront point opposées à nos saints mystères. » 

Augustin rédige également les deux livres du traité De l’ordre, où il aborde la question de l’ordre immuable de l’univers, dont le caractère harmonieux nous échappe si nous n’en contemplons pas l’ensemble ; ceux qui restent près de la multiplicité des choses ont l’esprit borné et ne voient partout que confusion et horrible hasard. Ainsi nous étonnons-nous du désordre qui semble violer l’ordre des choses, mais une chose absolument contre l’ordre est impossible, car tout a une raison de son accomplissement et rien ne peut exister en dehors de l’ordre, dans la mesure, où pour exister, une chose doit tendre vers l’unité. Notre raison est également une telle aspiration à l’unité et au repos de la vérité immuable. C’est pour Augustin un axiome que plus une chose a d’unité, plus elle est invincible : or, la permanence et l’unité de la raison témoignent de sa constance absolue par comparaison aux choses de ce monde, et montrent en conséquence l’immortalité de l’âme ; la citation suivante l’illustre, et montre l’influence de la pensée d’Augustin sur Descartes :

« Si donc la raison est immortelle (et moi qui discerne et lie toutes ces choses, c’est moi qui suis la raison), je conclus que ce qui en moi est appelé mortel n’est pas moi. Or si l’âme n’est pas la raison, et que cependant, usant de ma raison, je puisse devenir meilleur, l’âme est donc immortelle. Lorsqu’elle se sera rendue suffisamment belle, elle osera se présenter devant Dieu, la source d’où le vrai découle, le père de la vérité. » 

Pourtant, malgré l’ordre et l’unité, le mal existe, et semble difficile à concilier avec l’ordre divin universel et la toute puissance de Dieu.

À partir du 13 novembre 386, jour de son anniversaire, Augustin commence avec ses amis une discussion sur la béatitude qui donna lieu au traité de la Vie bienheureuse, où il explique que la béatitude ici-bas consiste dans la parfaite connaissance de Dieu : les hommes sont sur une mer et cherchent la vérité qu’ils rencontrent dans le port de la philosophie, s’ils ne se laissent entraîner par la vanité.

Enfin, le dernier ouvrage d’Augustin datant de cette époque sont les Soliloques, où Augustin discute avec lui-même :

« Je les écrivis selon mon goût et mon amour, pour trouver la vérité sur les choses que je souhaitais le plus de connaître, m’interrogeant moi-même et me répondant, comme si nous fussions deux, la Raison et moi, quoique je fusse seul : de là le nom de Soliloques donné à cet ouvrage. (Rétractations) » 

Dans cette œuvre, la raison y est considérée comme l'œil de l’âme qui doit se purifier des choses sensibles par les vertus chrétiennes que sont la foi, la charité et l’espérance, pour s’élever aux vérités intelligibles ; ce platonisme est évidemment d’abord d’inspiration chrétienne, puisque le soleil platonicien est Dieu, dont la lumière permet la contemplation intellectuelle et morale : « Mon Dieu, faites que je vous connaisse et que je me connaisse ! »

Et on reconnaît un célèbre philosophe dans la citation suivante :

« La raison : Mais toi qui veux te connaître, sais-tu si tu existes?
Augustin : Je le sais.
La raison : D’où le sais-tu ?
Augustin : Je l’ignore.
La raison : As-tu conscience de toi comme d’un être simple ou composé ?
Augustin : Je l’ignore.
La raison : Sais-tu si tu es mis en mouvement ?
Augustin : Je l’ignore.
La raison : Sais-tu si tu penses ?
Augustin : Je le sais.
La raison : Il est donc vrai que tu penses ?
Augustin: Cela est vrai. » 

Augustin fait donc résider la certitude dans l’évidence intime de notre pensée, qui se distingue du témoignage des sens, et il définit la vérité comme ce qui est, toute vérité ayant son existence éternelle et immuable en Dieu :

« Qui est assez aveugle d’esprit pour ne pas reconnaître que les figures géométriques habitent au sein de la vérité elle-même ? » 

La certitude qu’atteint notre raison témoigne ainsi que cette dernière participe de l’éternité de la vérité, et que notre âme est immortelle. Cette argumentation fut reprise par Augustin quand il fut de retour à Milan, dans le Traité de l’immortalité de l’âme, et plus tard dans La Cité de Dieu, livre XI, 26, il dit :

« En cette triple assurance, je ne redoute aucun des arguments des académiciens me disant : Quoi! et si tu te trompais ? Car si je me trompe, je suis. Qui n’existe pas, certes ne peut pas non plus se tromper ; par suite, si je me trompe, c’est que je suis. Du moment donc que je suis si je me trompe, comment me tromper en croyant que je suis, quand il est certain que je suis si je me trompe. Puisque donc j’existais en me trompant, même si je me trompais, sans aucun doute, je ne me trompe pas en ce que je sais que j’existe. De même en disant: Je sais que je me connais, je ne me trompe pas non plus, car c’est de la même manière que je connais mon existence et que je sais aussi que je me connais. » 


Le baptême d’Augustin [modifier]
Le séjour d’Augustin à Cassiciacum avait duré du 23 août 386 jusqu’au 23 mars 387. Augustin revint ensuite à Milan et se prépara au baptême en lisant Isaïe sur les conseils d’Ambroise. C’est pendant ce temps qu’il écrivit le Traité sur l’immortalité de l’âme évoqué plus haut, et d’autres ouvrages qui furent perdus de son vivant à ce qu’il semble.

Il fut baptisé par Ambroise, évêque de Milan, dans la nuit du 24 au 25 avril 387 :

« Combien j’étais ému ! Que de larmes s’échappaient de mes yeux, lorsque j’entendais retentir dans votre église le chœur mélodieux des hymnes et des cantiques qu’elle élève sans cesse vers vous ! Tandis que ces célestes paroles pénétraient dans mes oreilles, votre vérité entrait par elles doucement dans mon cœur; l’ardeur de ma piété semblait en devenir plus vive; mes larmes coulaient toujours, et j’éprouvais du plaisir à les répandre. (Confessions, livre 9) » 

Augustin partit de Milan pour rentrer à Thagaste vers août ou septembre 387, avec sa mère, Adéodat et ses amis. Mais, peu après leur arrivée à Ostie, d’où ils devaient embarquer pour l’Afrique, Monique tomba malade et mourut. Augustin nous rapporte le dernier entretien qu’il eut avec sa mère :

« A peu de distance de ce jour où ma mère devait sortir de cette vie, jour que vous connaissiez, mais que nous ignorions, il était arrivé, par un effet de vos vues secrètes, comme je le crois, qu’elle et moi, nous nous trouvions seuls appuyés à une fenêtre, donnant sur le jardin de la maison qui était notre demeure à Ostie, à l’embouchure du Tibre, et dans laquelle, séparés de la foule, après la fatigue d’un long voyage, nous nous reposions en vue de la traversée : nous parlions donc là seuls, avec une douceur ineffable ; oubliant le passé, occupés de l’avenir, nous cherchions entre nous, auprès de cette vérité qui est vous-même, quelle devait être l’éternelle vie des saints, que l'œil n’a point vue, que l’oreille n’a point entendue, et qui n’est jamais montée dans le cœur de l’homme. Nous ouvrions la bouche du cœur pour recevoir les célestes eaux de cette fontaine de vie qui est en vous, afin qu’en étant inondés selon notre mesure, nous comprissions de quelque manière une aussi grande chose. (...)
Tel était notre entretien ; et si la forme et les paroles n’étaient pas les mêmes, vous savez, Seigneur, que ce jour-là, durant ce discours, le monde et tous ses plaisirs nous paraissaient bien vils. Alors ma mère dit : « Mon fils, pour ce qui me regarde, plus rien ne me charme en cette vie. J’ignore ce que je dois faire encore ici, et pourquoi j’y suis, après que mon espérance de ce siècle a été accomplie. Il n’y avait qu’une seule chose pour laquelle je désirasse rester un peu dans cette vie, c’était de te voir chrétien catholique avant de mourir. Mon Dieu m’a accordé cela au-delà de mes vœux; je te vois son serviteur, non content d’avoir méprisé les terrestres félicités ; que fais-je donc ici ? (Confessions, livre 9, § 10) » 

Elle mourut après neuf jours de maladie à l’âge de 56 ans.

Après la mort de sa mère, Augustin décida de se rendre à Rome. On ignore les raisons de cette décision. Il y resta un an avant de revenir en Afrique pendant l’été 388.

Revenu en Afrique, après cinq années d’absence, il vécut en communauté non loin de Thagaste avec ses amis et ses disciples. Il s’engage alors dans la défense de l’Église, en rédigeant les Mœurs de l’Église catholique, les Mœurs des manichéens, où il compare le comportement des chrétiens et des manichéens, et De la Grandeur de l’âme, qu’il avait commencé de composer à Rome. Il se donne pour tâche de guérir d’abord par la raison les manichéens qui, selon les chrétiens, insultent les Écritures. La raison nous permet de nous rendre meilleurs en suivant la vertu, qui, seule, nous porte vers une réalité hors de nous, qui est Dieu, le souverain bien. Mais la raison est impuissante à comprendre la nature des réalités divines, et elle a besoin de l’autorité de la parole de Dieu, de l’Ancien et du Nouveau Testament que les manichéens rejettent sur de nombreux points :

« Je pourrais, selon la médiocrité de mes lumières et de mes forces, discuter en détail toutes les paroles que je viens de rapporter, et vous exposer ici ce que Dieu m’a fait la grâce d’apprendre des merveilles qu’elles renferment, merveilles dont l’expression demeure souvent au-dessus de la faiblesse du langage. Mais il faut bien s’en garder, tant que vous serez en disposition d’aboyer contre les divins livres. L’Évangile nous défend de présenter les choses saintes aux chiens. Ne vous offensez pas si je vous parle ainsi : j’aboyais autrefois moi-même ; j’ai été de ces chiens dont parle l’Évangile. » 

La visite des monastères romains lui donne l’idée de transformer la maison familiale en monastère : le Jardin (en 391), à l’imitation du Jardin d’Épicure. C’est à cette époque que meurt son fils Adéodat, vers l’âge de 17 ans.

Il devient prêtre puis coadjuteur de Valère, évêque de la ville d’Hippone avant de lui succéder dans la province romaine d’Afrique. En 399, les temples païens sont fermés. À cette occasion, il rédige la Catéchèse des Débutants. En 395, il entame une querelle théologique avec Jérôme, traducteur de la Vulgate à partir de la Bible hébraïque. Il considérait que rien n’avait pu échapper aux Septante. Il n’en voyait donc pas l’utilité. Il est vrai qu’Augustin était piètre helléniste et pas hébraïsant du tout ; en fait de Bible, il ne connaissait que la Vetus Africana, dont les spécialistes s’accordent à dire qu’elle n’est pas un modèle de fidélité. Il ne pouvait se rendre compte que les Septante n’avaient pas seulement traduit mais aussi complété et continué la Bible Hébraïque. Une autre querelle l’opposa à l’érudit de Bethléem concernant le commentaire de l’Épître aux Galates, sur le passage de la réprimande à Pierre attablé avec les Gentils. Il meurt lors du siège de Genséric chef des troupes Vandales en 430.

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