nous ALGERIE, Terre d'Afrique: Le Patrimoine Mondial Classé à l'UNESCO

Le Patrimoine Mondial Classé à l'UNESCO

Les sites classés patrimoine mondial culturel par l'UNESCO :
  • La Casbah d'Alger : l'un des plus beaux sites urbains de la Méditerrané, la Casbah d’Alger est une médina qui a traversée les âges pour nous raconter l'histoire et la mémoire des algérois d’antan.
  • La Kalaa des Béni Hamad : la cité des Béni Hamad a été créée en 1007, et a été la capitale des Hammadite pendant plus d'un siècle et demi, dans un décor montagneux d'une beauté exceptionnelle.
  • Djemila : le site archéologique Cuicul, ou Djemila, est la représentation parfaite du génie urbanistique des Romains, bâtie à 900m d'altitude; la cité est une parfaite adaptation entre nature et civilisation.
  • Timgad : Timgad fut bâtie dans le Nord des montagnes de l'Aurès par l’empereur romain Trajan pour en faire une colonie militaire.
  • Tipaza : dans le but de conquérir le royaume mauritanien, les romains occupèrent Tipaza afin de faciliter la liaison avec Rome.
  • La vallée du M'Zâb : l'architecture et le style urbanistique de la vallée du M'Zâb sont la représentation de ce que peut faire l'homme afin de faciliter la vie en communauté. Fondée au Xe siècle, ce site a su se préserver, et cela grâce à sa population Berbère.
  • Le tassili : Le seul site de patrimoine mixte en Algérie est le celui du Tassili (Sahara). En effet, ce site est souvent qualifié de musée en plein air, dans un décor désertique; on y trouve les traces de civilisation très ancienne.

La Casbah d'Alger 



Gravir les ruelles de la Casbah d'Alger jusqu'à la citadelle, l’ancienne résidence des Deys d’Alger (chef du gouvernement), juchée à 118 mètres de hauteur, c'est remonter le temps, se plonger dans un livre d'histoire, en l'occurrence l'histoire de l'Algérie tout entière. 

Aujourd'hui, la Casbah tente de se restaurer, à l'image de l'Algérie qui essaie, elle aussi, de reprendre vie et de sortir de ses années noires. Et ce n'est pas facile. 


Un peu d'histoire donc : on doit la citadelle qui domine Alger la Blanche, aux corsaires turcs, les frères Barberousse, Aroudj et Khaïr al-Din. Après la prise d'Alger (El Djazaïr) en 1515, Khaïr al-Din y prend ses quartiers et fait construire en 1516 des remparts qui s'ouvrent sur six portes, premiers jalons de la Casbah. 


La citadelle est alors une sorte de garnison militaire, où logent les janissaires (miliciens turcs). Elle sera achevée en l'an 1000 de l'hégire (1591).
Dans cette citadelle, le 30 avril 1827 le dey Hussein eut sans doute un geste maudit en giflant de son éventail, et par trois fois, le consul de France, venu tergiverser pour une dette due par la France à Alger. Une vieille créance pour des achats de blé à des commerçants juifs qui remontait à 1792.

C'est l'occasion rêvée pour la France de s'en prendre à ces Turcs qui dominent la Méditerranée. On n'a pas encore en tête l'idée de coloniser le pays. Charles X envoie en juin 1827 une première escadre pour imposer un blocus à Alger mais sans grand succès. Il monte donc une expédition "punitive".

Le 25 mai 1830 une flotte impressionnante met les voiles dans le port de Toulon, avec à sa tête l'amiral Duperré : 35 000 soldats, 100 navires de guerre, 350 navires marchands, des frégates, des corvettes, le tout débordant de canons, de voitures, de chevaux.
Le 14 juin, l'armada française débarque sur la plage de Sidi Ferruch, à 25 kilomètres d'Alger. Après trois semaines de siège et de bombardement, le dey Hussein capitule et remet Alger, le 5 juillet, au général Bourmont, le ministre de la Guerre du roi Charles X.
Le fond de l'histoire est en fait un peu plus compliqué que l'anecdote de l'éventail du 30 avril. 

Dès le 3 mars 1830, dans son discours à la Nation, le roi Charles X avait déclaré : "il faut délivrer la France et l'Europe du triple fléau que les puissances chrétiennes ont enduré trop longtemps, l'esclavage de leurs sujets, les tributs que le dey exige d'elles et la piraterie qui ôte toute sécurité aux côtes de la Méditerranée". Que le consul de France eût été souffleté ou pas, l'affaire était donc entendue. Et ce n'est pas le drapeau bleu blanc rouge que fera flotter en haut de la Casbah le général Bourmont, mais celui, blanc à fleurs de lys, de la royauté …
1954-1962, autres années noires pour la Casbah, la guerre d'Algérie. En 1957, le général parachutiste Massu a pour mission de liquider le réseau de l'Armée de libération nationale (ALN) à Alger, dirigé par Yacef Saadi. La ville est "pacifiée" selon la litote favorite des militaires, et Saadi capturé au mois d'août.

L'épilogue de cette sinistre opération de pacification aura lieu le 8 octobre de la même année, au 5 Rue des Abderames, avec le dynamitage par les paras de Massu de la cache des deux derniers responsables encore vivants du FLN dans la Casbah : Ali-la-Pointe et sa compagne Hassiba Bent Bouali qui périront sous les explosifs. Une plaque commémorative rappelle ces événements tragiques qui ont secoué la casbah à cette époque.
Cette "pacification", le cinéaste italien Gillo Pontecorvo en fera un film, en 1966 La Bataille d'Alger.

Aujourd'hui, la Casbah réapprend à vivre depuis qu'elle a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en décembre 1992. De timides opérations de restauration ont débuté, mais il y a urgence car la Casbah se meurt à petit feu : sous les pluies, quand ce ne sont pas les secousses telluriques, les douérates (on appelle ainsi les anciennes constructions de style maure d'Alger) s'écroulent.

Des 2 000 bâtisses qui existaient en 1962, il n’en restait que 1860 en 1980 et à peine 800 aujourd'hui.Un premier plan de sauvegarde a été lancé en 1981 mais il en est resté aux études. En 1998 ce fut au tour du Centre national d’études et de recherches en urbanisme (CNERU) de se pencher sur la question, mais son plan est resté, lui aussi, sans suite.
Le "dernier" plan - promis juré - devait voir le jour pour la fin de l'année 2007. En attendant, les nostalgiques peuvent toujours se consoler en allant voir Jean Gabin dans Pépé le Moko. Mais on les prévient : Julien Duvivier avait tourné son film en 1936 entièrement dans des décors.



La Kalâa des Béni Hammad


   La Kalâa (ou Kalaa ou Qalâa ou Qa'la) des Banû Hammad (ou Béni Hammad) est un site archéologique situé dans la wilaya de M'Sila, dans la commune de Maâdid, en Algérie. Le site est classé patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1980.


Le lieu est déjà habité par les Romains : une mosaïque représentant le triomphe d'Amphitrite est découverte en 1898 à 700 mètres à l'est de la ville et déposée au musée des Antiquités d'Alger. Selon les chroniqueurs arabes et notamment Ibn Hammad qui signale qu'il s'appelait château de Kiana mais aussi fort du Miroir, il sert de refuge à Abu Yazid (« l'homme à l'âne ») dans sa révolte contre les califes fatimides Al-Qaim et Al-Mansur.



La Kalâa est fondée en 1007 par Hammad ibn Bologhine, fils de Bologhine ibn Ziri (fondateur d'Alger), qui obtient de son suzerain Badis, prince Ziride d'Ifriqiya, l'autorisation d'édifier une ville et d'en faire sa capitale. Il y engage durant deux ans de grands projets de construction. La position de la nouvelle citadelle présente des avantages stratégiques encore supérieurs à ceux d'Achir. Hammad s'empresse de la fortifier et, selon Ibn Khaldoun, de la peupler avec les habitants de Msila et de Hamza (Bouira) après avoir détruit leurs villes, ainsi que des Djerawa.

Neuf ans après la fondation de la Kalâa Hammad ibn Bologhine se révolte contre son neveu Badis qui veut le dessaisir de trois provinces du Constantinois. Karama, frère de Badis, attaque la Kalâa et la détruit en partie. Badis lui-même est, après un siège de six mois, sur le point de s'en emparer quand il meurt le 9 mai 1016. 


Les troupes zirides quittent alors la Kalâa. Hammad fait plus tard la paix avec le fils et successeur de Badis, Al-Muizz, qui doit se résigner au fait accompli (1017). Le mariage de Abdallah, fils de Hammad, et d'Umm al-Ulu, sœur d'Al-Muizz, marque l'alliance des deux princes. En 1185 Ali b Ghaniya y pénètre après un siège de trois jours.



Devenue la capitale des berbères hammadides, la ville constitue alors l'une des plus florissantes d'Afrique du nord. Selon Ibn Khaldoun, « La Qal'a atteignit bientôt une haute prospérité; sa population s'accrut rapidement et les artisans ainsi que les étudiants s'y rendaient en foule des pays les plus éloignés et des extrémités de l'empire. Cette affluence de voyageurs eut pour cause les grandes ressources que la nouvelle capitale offrait à ceux qui cultivaient les sciences, le commerce et les arts ». 

Trois grandes routes relient la Kalâa aux autres villes du Maghreb. La première, vers le nord-ouest, se divise pour conduire à Alger et Ténès par Bouira, à Bougie et Djidjelli, à Sétif et Constantine. La deuxième, vers l'ouest, mène à M'sila et Achir, puis Médéa et Tahert. La dernière, vers l'est, se divise elle aussi pur se diriger vers Constantine, Kairouan et Sfax, Biskra, Gafsa et Gabès.


Après le mort d'Hammad en 1028, la Kalâa est embellie au long des règnes de ses successeurs, Al-Qaid (1029-1054), Muhsin (1054-1055), Bologhine (1055-1062), Al-Nasir (1062-1082), Al-Mansur (1088-1104). D'après des vers d'Ibn 
Hammad que cite Ibn Al-Khatib, « Al-Nasir embellit la Grande Mosquée de la Qal'a et fit bâtir à proximité de la cité plusieurs châteaux : le palais des Deux Mariées, le palais de Ballara qui porte le nom de la princesse ziride que le prince hammadite épousa en 1077, le palais du Califat et le palais de l'Étoile ».


La ville accueille notamment, après l'invasion des Arabes hilaliens en Ifriqiya, les habitants ruinés de Kairouan et les négociants orientaux, à qui elle doit, vers 1065, un développement inattendu. La ville est alors selon Al-Bakri (mort en 1094) « un centre de commerce qui attire les caravanes de l'Iraq, du Hidjaz, de l'Égypte, de la Syrie et de toutes les parties du Maghreb ».



Sous le règne d'Al-Qaid, les hostilités ayant repris entre les Zirides et les Hammadites, la Kalaâ est assiégée entre 1040 et 1042. Sous celui de An-Nasir, elle est conquise par Ali b. Raggam mais selon Ibn Khaldoun reprise rapidement. En 1090 Al-Mansur quitte la Kalâa, sous la menace hilalienne, pour s'installer à Béjaïa (Bougie) avec sa troupe et sa cour. Le déclin de la ville, jusque-là l'une des plus importantes du Maghreb central, commence sous le règne d'Al-Aziz (1105-1121). 


Assiégée par les Hilaliens elle n'est sauvée que par l'intervention de l'armée envoyée de Bougie par le souverain. En 1148 Yahya, dernier prince hammadite (1121-1152), fait transporter à Bougie tous les objets de valeur de la ville. En 1152 elle est prise et en partie détruite par les troupes Almohades dirigées par Abdallah, fils du calife Abd al-Mumin. En 1185 l'almoravide Ali Ibn Ghaniya y pénètre après un siège de trois jours.

L'emplacement de la capitale des Hammadides est resté vierge de toute autre construction depuis le Moyen Âge. Les premières fouilles conduites par Paul Blanchet en avril 1897 ont pour objet le donjon du Manar. Le général Léon de Beylié poursuit en 1908 le dégagement du palais du Lac et de la grande mosquée. Les dernières fouilles avant l'Indépendance de l'Algérie ont été menées par Lucien Golvin de 1951 à 1956 puis de 1960 à 1962. À partir de 1964 Rachid Bourouiba a ensuite dirigé chaque année de nouvelles campagnes. On peut ainsi se faire aujourd'hui une idée plus exacte des monuments de la Kalâa que de ceux d'Achir.
 
La ville comprenait, à l'intérieur d'une fortification de 7 kilomètres, d'une largeur variant entre 1,20 m et 1,60 m, détruite par la suite par les Almohades, une quantité importante de monuments, parmi lesquels une grande mosquée (fondée au XI siècle) et son minaret, ainsi que le donjon du Manar, le palais du Manar, le palais du Lac, le palais du Salut, des citernes et bassins. Trois portes, Bab al-Aqwas, Bab Djenan et Bab Djerawa, donnaient accès à la ville, dont seules les deux premières subsistent. Deux monuments émergent encore du sol: le minaret de la mosquée dont on devine assez bien le décor et le donjon du Manar qui domine la falaise de l'oued Fredj.

 

Djemila, site romain - Valeur universelle exceptionnelle

 


   Le site de Djémila (signifie " belle " en langue arabe) est classé au patrimoine mondial à l'UNESCO depuis 1982. Djémila est situé à 50 km au nord-est de la ville de Sétif. Connu sous son nom antique Cuicul, le site de Djémila est un établissement d'une ancienne colonie romaine fondée sous le règne de Nerva (96-98 de notre ère).

La ville romaine occupait un site défensif remarquable. Cuicul est l'un des fleurons de l'architecture romaine en Afrique du Nord. S'étant remarquablement pliée aux contraintes du site montagneux, un éperon rocheux qui s'étire, à 900 m d'altitude, entre l'oued Guergour et l'oued Betame, deux torrents montagnards, la ville possédait son propre sénat et son forum. 

Vers le début du IIIe siècle, elle débordait de ses remparts par la création du temple de Septimius Severus, l'arc de Caracalla, le marché et la basilique civile.

Le site a été aussi marqué par une empreinte chrétienne matérialisée par plusieurs édifices de culte : une cathédrale, une église et son baptistère considéré parmi les plus grands de la période paléochrétienne.
Le site de Djémila comprend une collection remarquable de pavements en mosaïques, illustrant des récits mythologiques et des scènes de la vie quotidienne. Djémila apporte un témoignage exceptionnel sur une civilisation disparue.

C'est l'un des plus beaux ensembles de ruines romaines du monde. Les vestiges archéologiques, le plan d'urbanisme romain bien intégré et le cadre environnemental constituent les ressources qui représentent les valeurs attribuées au site.Djémila offre un exemple éminent d'un type d'ensemble architectural illustrant une période significative de l'histoire romaine de l'Afrique du Nord, du IIe au VIe siècle.

Le site, clôturé suivant les limites présentées lors de l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial, renferme tous les éléments nécessaires pour exprimer sa Valeur universelle exceptionnelle. Ces attributs comprennent entre autres le schéma classique de l'urbanisme romain avec deux portes situées aux extrémités du Cardo Maximus ; au centre, le Forum entouré de bâtiments essentiels de la vie publique : le Capitole, la Curie, une basilique civile, la Basilica Julia. 

Dans ce cas, le schéma classique de l'urbanisme romain s'est plié aux contraintes géomorphologiques du site. 

Le site comprend un répertoire typologique et architectural très diversifié, avec système défensif et arc de triomphe, édifices édilitaires et de spectacles, équipements d'artisanat et de commerce, dont le marché des frères Cosinus qui constitue un exemple remarquable de la prospérité économique de la cité.

On retrouve également les vestiges du Temple de Venus Genitrix et des demeures aristocratiques ornées de riches mosaïques.
Les vestiges des monuments qui ont marqué l'expansion de la ville en direction du sud sont également inclus.

Ils comprennent des habitations privées et des édifices publics tels l'arc de Caracalla (216), le temple de la Gens Septimia (229), un théâtre de 3.000 places, des thermes, des basiliques et autres édifices cultuels. Les vestiges archéologiques sont demeurés remarquablement intacts au cours des siècles.