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03 juillet 2012

Le chaâbi algérien


Le chaâbi algérien né à Alger au début du xxe siècle. Šaʿabī signifie « populaire » en arabe (شعب, šaʿab, « peuple »), c'est l'un des genres musicaux les plus populaires d'Algérie.

Origine et signification
En parallèle du Medh (chant religieux) qui est l'ancêtre du Chaâbi, Alger, possédait déjà un autre genre musical populaire très élaboré qu'on appelle Aroubi et qui puise ses modes dans la musique arabo-andalouse.
Au temps de Cheïkh Nador, il y avait une pléiade d'artistes Meddah (interprète du Medh) tels que Mustapha Driouèche, Kouider Bensmain, El Ounas Khmissa, Mohamed Essafsafi, Saïd Derrar (le concurrent de Cheïkh Nador), Ahmed Mekaïssi, Saïd Laouar, Mahmoud Zaouche. On a souvent tendance à occulter les noms de ces pionniers car ils n'ont malheureusement pas enregistré de disques et on n'a retenu de leur art que quatre enregistrements de textes " profanes" du meddah Malek Saïd qui datent de 1924 et qui sont toujours conservés jalousement par la Radio Algérienne. Au début du vingtième siècle, existait déjà une tradition dans les fumeries de la Casbah qui consistait à interpréter des istikhbardans les modes sika et sahli tout en s'accompagnant d'un guember (guembri). À l'origine, les chants sacrés du medh étaient accompagnés par le son des instruments à percussion et des instruments à vent.

Le grand tournant dans l'histoire du Medh s'est opéré au début des années 1920 quand le meddah Kouider Bensmaïn a introduit pour la première fois les instruments à cordes dans les orchestres du Medh à l'image des orchestres du Aroubi algérois. Cette époque a vu la prédominance des textes puisés dans les répertoire des poètes du Melhoun. Les musiciens ont commencé alors à adapter les textes interprétés aux modes andalous de l'école algéroise tout en travaillant la forme et l'orchestration. Ce n'était pas la forme musicale la plus appréciée, ni la plus écoutée car parfois les textes du Melhoun sont écrits en arabe dialectal marocain mais qu'en plus leur contenu est frappé d'anachronisme et ne reflète aucunement les événements socio-historiques qu'a connus l'Algérie. Le Medh était confiné dans la casbah d'Alger surtout dans les fumeries, peu à peu les artistes ont commencé à se produire dans les cafés arabes d'Alger durant le mois sacré du Ramadhan. M'hammed El Anka n'était encore qu'un gamin quand cheïkh Nador l'a pris dans son orchestre en tant que joueur de Tar (tambourin). À la mort de ce dernier en 1926, el anka était à peine âgé de 19 ans, mais il a tout de même réussi à prendre le relais de son maître dans l'animation des fêtes familiales; aidé dans cela par des musiciens chevronnés. El Anka a incontestablement donné une nouvelle impulsion au medh. Son interprétation était percutante et sa diction atypique, même son jeu de mandole était captivant, d'ailleurs c'est lui qui a introduit dans les orchestres du Medh le mandole typiquement algérien que nous connaissons aujourd'hui.
À ses débuts, il se produisait dans les fumeries où les jeunes de sa génération venaient apprécier son art. Son nom de scène était « M'hamed El Meddah » mais les maîtres de l'arabo-andalou l'appelaient cheïkh El Harras (le casseur) car il avait une manière inhabituelle d'interpréter l'istikhbar. El Anka a eu beaucoup de chance contrairement aux autres meddah puisqu'en 1928 la maison de disques Columbia lui enregistre 27 disques 78 tours et il a même réussi à prendre part à l'inauguration de la Radio PTT Alger. Ces deux événements l'ont propulsé au-devant de la scène. Grâce au moyens techniques modernes du phonographe et de la diffusion radiophonique El Anka était désormais devenu le promoteur du medh. Les années trente (1930) ont vu l'émergence d'autres interprètes de talent tels que Hadj M'Rizek, Hadj Menouar et Khélifa Belkacem. En 1946, El Boudali Safir, le directeur littéraire et artistique de Radio Algérie pour les émissions en langues arabe et kabyle, désigna nos musique provinciales dont faisait partie le medh sous le nom générique de " populaire "(en français) mais ce n'est qu'après l'indépendance de l'Algérie et lors du premier colloque national sur la musique algérienne qui s'est tenu à Alger du 4 au 10 mai 1964 que la dénomination officielle et définitive de chaâbi a été adoptée et ce, dans toutes les langues. Le mot chaâbi, a fait son entrée dans les dictionnaires de la langue française grâce à la reprise de la chanson ya rayah de Dahmane El Harrachi par Rachid Taha. Ce dernier a fait d'elle un succès mondial. Elle a même été chantée dans plusieurs langues.
 C'est grâce à deux artistes de génie en les personnes de Mahboub Bati (auteur-compositeur) et Dahmane El Harrachi (auteur-compositeur-interprète, qui a fait toute sa carrière artistique en France) que le chaâbi s'est modernisé en devenant un genre musical écouté aux quatre coins du pays. Ils ont su le populariser en l'Algérianisant définitivement. Avec eux, les chansons sont écrites dans la langue Algérienne et leurs thèmes se rapportent généralement à la vie de tous les jours (quoique le genre de Dahmane El Harrachi est plus développé). Sur le plan musical, ils ont apporté la fraîcheur qui manquait tant au chaâbi. La musique de Mahboub Bati est reconnaissable à ses fioritures. Avec Dahmane El Harrachi (de son vrai nom Amrani Abderrahmane), c'est la mélodie qui prime. L'exemple de la chanson ya rayah est très édifiant à ce propos, bien que composée dans le mode musical Sahli, il a su lui donner un cachet universel.


L'évolution du Chaâbi qui se pratiquait à Alger doit beaucoup à Mahboub Bati (de son vrai nom Mahboub Safar Bati) qui, à lui seul, a réussi à mettre beaucoup de chanteurs chaâbi au-devant de la scène. Sans ce monument de la musique algérienne, la notoriété des chanteurs, de la fin des années soixante et le début des années soixante-dix, n'aurait jamais dépassé le cercle restreint des fêtes familiales algéroises. C'était l'époque où l'on s'accrochait toujours aux anciens textes du melhoun tout en sacrifiant la réalité immédiate. Des chanteurs comme Hachemi El Guerouabi, Boudjemaâ El Ankis, Amar Ezzahi, Amar El Achab se sont faits d'abord connaître hors d'Alger grâce aux chansons composées par Mahboub Bati et c'est de cette manière qu'ils ont pu faire passer le reste de leurs répertoires respectifs constituaient d'anciens textes de poésie populaire (melhoun).
 Instruments
Le chaâbi utilise les instruments de musique suivants : deux instruments à percussion à savoir la derbouka et le tar mais aussi la mandole chaâbi (instrument typiquement Algérien, sorte de grosse mandoline aux sonorités de guitare, munie d'un long manche avec quatre cordes doubles en métal), le violon (alto) et le banjo (généralement dans l'orchestre chaâbi, nous avons un banjo guitare et un banjo ténor), Ney (flûte en roseau) sans oublier le qanoun. Les violonistes de l'arabo-andalou et du chaâbi utilisent toujours leur violon (Alto) à la verticale. Quant à la mandole, elle a remplacé la Kouitra (instrument de la musique arabo-andalouse Algérienne). Il n’est pas rare d’entendre aussi le piano. En revanche, aucun instrument électrique n’est admis, hormis parfois le clavier pour son côté pratique.
 Interprètes

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