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07 mai 2012

Tradition : Pratiques ancestrales dans les Aurès. Des métiers et des hommes



Encore une fois, l’espoir vient du douar. Des métiers séculaires, qu’on a cru morts et disparus, semblent avoir trouvé refuge dans les zones les plus éparses, dans l’arrière-pays des Aurès. Ce n’est certainement pas par choix encore moins par confort, mais plutôt par nécessité, voire pour la survie.



Les habitants des zones rurales, pour moult raisons, n’ont pas abandonné des métiers dits archaïques qui semblent ne plus faire vivre : le faucheur (amjar), le laboureur (akraz), le semeur (amuzzi) et bien d’autres qui depuis une dizaine d’années semblent revenir, pour échapper à un trépas certain, surtout depuis que des artisans, des forgerons, des tisserands… ont repris du service.  
Aussi bien dans la vallée Ighzar à Melal à Oued Abdi ou encore dans la vallée de Belezma ou les hauteurs de Markunda, ces artisans ont fait de la résistance pour sauver, peut-être sans se rendre compte, un savoir-faire plurimillénaire et un moyen de création de richesse, qui s’est transmis de génération en génération dans les conditions les plus pénibles. à Sefiane (commune de N’gaous), la cueillette des olives se poursuit pour le deuxième mois consécutif. L’olive de table n’est plus disponible, par contre les oléiculteurs de la région viennent à peine de commencer la seconde récolte, celle des olives destinées au moulin à huile (huile d’olive) et la récolte est qualifiée d’excellente. 


Contrairement à l’olive de table, dont la quasi-totalité est vendue aux conserveries et autres fabriques installées à l’ouest du pays, l’olive destinée à la presse reste au pays. à Sefiane, mais aussi dans les petites agglomération (Tinibaouine, Boumagar, Texlent...) existent de modestes moulins à huile, dont deux sont traditionnels (moulin à sang actionné par des animaux, généralement des mulets). Ammi Zeghdoud est propriétaire de l’un d’eux. Abdallah Abdallah (dit Zeghdoud) fils de Belgacem ne se souvient pas avoir exercé un autre métier à part celui qu’il exerce aujourd’hui : propriétaire d’un moulin à sang. Il accompagnait et aidait son père quand il avait à peine 12 ans, dans ce même moulin ancestral, qu’il a hérité et jalousement protégé. 



Aujourd’hui, il déclare avec une certaine fierté que la tribu des Aith Soltane, dont il fait partie, n’a pas pour habitude d’abandonner les métiers des ancêtres, car c’est un héritage dont il faut prendre soin. “Je reçois des clients des quatre coins des Aurès : M’sila, Barika, El-Madher, Tazqht, partout où poussent les oliviers, malgré qu’il existe des moulins plus rapides que le mien, les clients sont restés fidèles, car ils savent que la presse à force animale est meilleure, l’huile garde toute sa saveur, un vrai jus à boire”, affirme-t-il. Et d’ajouter que “cette année il y a une belle bonne récolte, aussi bien en quantité qu’en qualité, regardez comment les olives sont fermes et juteuses”.



Le moulin est un vrai lieu de convivialité, où règne une ambiance bon enfant, signe de satisfaction, aussi bien des producteurs que des exploitants et producteurs qui viennent suivre la presse de leur production d’olives, de visu, et aussi écouter comme des écoliers les conseils de l’oncle Zeghdoud, grand connaisseur, qui incite les jeunes oléiculteurs à soigner leur production. Zeghdoud témoigne : “à mon époque, tout était manuel, de la cueillette des olives à la presse d’huile, bien sûr le broyage se faisait par les bêtes, et je jure qu’il faisait beaucoup plus froid que maintenant. 

Même s’il n’y avait pas de grandes pannes, nous savions réparer sur place toutes les pièces. Je reconnais qu’aujourd’hui c’est plus difficile, et la mécanisation a facilité certaines choses et compliqué d’autres. Ce sont surtout les scourtins (sorte de panier rond et plat tressé en fibre de coco, ndlr) qui s’abîment à force d’être entassés, chargés et déchargés. Fort heureusement, je peux me les procurer en Kabylie, à Akbou.”

Source : Liberté - 06/05/2012 - Rachid Hamatou

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