nous ALGERIE, Terre d'Afrique: octobre 2011

22 octobre 2011

Tlemcen, Capitale de la Culture Islamique 2011

Musée national du Bardo


Créé en 1930, Le Musée de Préhistoire et d'Ethnographie d'Alger, communément dénommé « Musée national du Bardo », a mis plus d'un quart de siècle avant de devenir ce qu'il est aujourd'hui : célèbre dans le monde spécialisé par ses collections sur la préhistoire et la protohistoire, sur l'ethnographie rurale, urbaine et plus particulièrement saharienne.
Imaginons un seul instant que l'intérêt des collections qui sont présentées dans ce musée était moindre, ce qui est loin d'être le cas. Eh bien, la visite de ce musée qui tire son nom de l'espagnol Prado, signifiant
 « jardin, prés » 'imposerait quand même, 
ne serait-ce qu'en raison du cadre choisi.

D'abord, par son implantation dans le site (l'ancien Fahs de l'Alger précolonial, dans une verdure luxuriante, face au magnifique panorama de la Baie d'Alger) qui offre le spectacle d'une rare harmonie entre la nature et la culture. Ensuite, par la valeur architecturale du bâtiment, de style « hispano-mauresque » (une villa appelée « djenane », bâtie autour de patios intérieurs, avec pièce d'eau, s'accompagnant de jardins privés), une de ces résidences d'été fréquentées jadis par deriches habitants des palais de la Casbah et que les Fromentin et Delacroix se sont fait un plaisir d’évoquer dans leurs tableaux.

Quand au contenu du musée, il étale la variété et la richesse d'objets témoins de la profondeur de notre champ historique et de la diversité de nos sources culturelles (vestiges de Ain H'nache, ceux de Tighenif ainsi que les gravures et les peintures rupestres du Tassili, etc.) qui donnent la mesure de la c o n t r i b ution de l'Algérie à la généalogie de l'humanité. Il faut dire, en l'occurrence, que les peintures rupestres, qui renvoient pratiquement aux premiers pas de l'écriture humaine, témoins sèculaires d'une civilisation ancienne, sont une véritable bibliothèque sur pierre. 
Ou, si l'on préfère, les premières archives de l'humanité. Pour tout dire, le Musée national du Bardo recèle de véritables trésors d'archéologie et d'ethnographie qui renseignent non seulement sur l'histoire multimillénaire de notre pays, mais aussi sur celle de l'humanité toute entière. Tous les âges de la terre y sont représentés, ce qui le classe parmi les musées les plus importants au monde.

18 octobre 2011

Palais des Raïs, Bastion 23, Alger

Le Palais des Raïs (Bastion 23) compte parmi les plus importants monuments historiques de la ville d’Alger et représente l’un des derniers témoins qui attestent physiquement du prolongement de la Médina d’El Djazaïr (Casbah) jusqu’à la mer à l’époque ottomane (16e/19e siècle). Le Palais des Raïs (Bastion 23), partie intégrante de la Médina d’El Djazaïr (Casbah), est détaché, voire même, isolé de son environnement traditionnel suite aux différents bouleversements et restructurations qu’a subis la Casbah à l’époque française. Ce n’est qu’en 1909 que le Bastion 23 est classé Monument Historique sous l'appellation "Groupe de maisons mauresques" pour l’intérêt architectural qu’il représentait d’une part, et comme dernier quartier (houma) de la basse Casbah d’autre part. Un classement qui sera reconduit par les pouvoirs publics le 20 décembre 1967 par l’ordonnance n° 67-281. En 1991, c’est au tour de la médina d’El Djazaïr (Casbah) d’être érigée comme patrimoine national et puis, classée patrimoine universel par l’UNESCO en décembre 1992. 

Ce double classement dénote de la reconnaissance et de l’importance octroyée par les instances nationales et internationales à ce joyau architectural et urbain délimité par un périmètre de protection et de sauvegarde qui intègre en son sein le Palais des Raïs (Bastion 23). Le Palais des Raïs (Bastion 23), de par sa situation urbaine des plus favorables -unique dans un carrefour de plusieurs directions- et sa stature imposante à proximité des conditions de transport et parking, qui lui confèrent une position de choix dans ses liaisons avec la ville, est devenu un passage incontournable pour beaucoup de monde ; l’afflux de visiteurs, de délégations, de groupes d’élèves et d’étudiants, est permanent. 

Le Palais des Raïs (Bastion 23) présente des lors, un cadre riche et varié, où se côtoient l’urbain et l’architectural, l’ombre et la lumière, les espaces publics et privés…. Il est constitué de trois palais (palais 17, 18, 23), de six douerates ″maisons des pêcheurs″ (maison 5, 7, 9, 11, 13, 15). Cette dernière (maison 15) par son Mihrab, faisait fonction de salle de prière (Moussalah). Les bâtiments A et B abritent actuellement la bibliothèque et les salles d’archives quant aux bâtisses 8,10,12 abritent à leur tour, l’administration du Centre des Arts et de la Culture du Palais des Raïs. L’ensemble composant une architecture savamment conçue, s’organise autour de sabbats, rues, palais, douerates, terrasses, parcours…, et qui occupe une surface utile de 3469 m2 et une surface d’exploitation de plancher totale de 7824 m2. Après cinq années de travaux de restauration, le Palais des Raïs reste la première expérience de récupération d'un ensemble historique restitué au public, menée à son terme en Algérie depuis l’indépendance. Le choix d’installer le Centre des Arts et de la Culture du Palais des Raïs au sein même du Bastion 23, n’est pas fortuit. 

Il démontre l’intérêt accordé par les pouvoirs publics au patrimoine culturel et de la volonté de mettre en avant, l’importance des valeurs architecturales, historiques et culturelles de l’ensemble monumental du Bastion 23. A ce titre, le Palais des Raïs qui revêt un caractère exceptionnel, est appelé à s’ériger en modèle de gestion pour tous les monuments algériens souffrant de la problématique de leur usage futur. Une vision qui s’inscrit en droite ligne dans la politique initiée par le Ministère de Culture et qui allie besoin d’exploitation et développement économique avec exigences de conservation du patrimoine. Le Palais des Raïs offre aujourd’hui, aux visiteurs, la possibilité de se promener dans un environnement historique et culturel. Des haltes alternent et rythment les activités muséales dans les palais et les activités scientifiques dans la salle de conférence, la bibliothèque et les salles d’archives. Un parcours ludique est organisé autour de lieux de rencontres tels que les maisons des pêcheurs appelées à abriter des activités économiques (boutiques d’art et d’artisanat, agences de voyages, librairie…), le souk où se rencontreront des antiquaires, collectionneurs et bouquinistes de livres anciens…Des activités de loisirs, spectacles pour enfants, concerts, soirées poétiques… sont par ailleurs, organisées au niveau de la terrasse (batterie) donnant sur la baie d’Alger. 

Le Palais des Raïs, Créé par décret exécutif n° 93-282 du 9 Joumada Ethania 1414 correspondant au 23 novembre 1993, sous la dénomination de "Centre des Arts et de la Culture du Palais des Raïs", est un établissement public à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Il est placé sous la tutelle du Ministère de la Culture. Inauguré le 1er novembre 1994 en tant qu’ensemble culturel polyvalent le Centre des Arts et de la Culture du Palais des Raïs a pour missions d’assurer la gestion, l’organisation, le fonctionnement et l’animation.

Jacques Verges parle de Djamila Bouhired

Djamila Bouhired, une femme militante du FLN durant la guerre d'Algérie.

Djamila Bouhired (née en 1935) est une femme militante du FLN durant la guerre d'Algérie.

Née dans une famille de classe moyenne d'un père algérien et d'une mère tunisienne, elle est scolarisée à l'école française (il n'y en avait pas d'autres). Elle rejoint le Front de libération nationale durant ses années étudiantes. Elle travaillera plus tard comme officier de liaison, membre du « réseau bombes » et assistante personnelle de Yacef Saadi, chef de la Zone Autonome d'Alger pendant la bataille d'Alger. Elle dépose, le 30 septembre 1956, une bombe qui n'explose pas dans le hall du Maurétania. Elle recruta Djamila Bouazza qui, elle, déposa le 26 janvier suivant une bombe très meurtrière au Coq Hardi.

En avril 1957, elle est blessée dans une fusillade et capturée par les parachutistes. Elle est soupçonnée d'être une poseuse de bombe, inculpée pour ses actes, torturée et condamnée à mort. Son exécution est stoppée par une campagne médiatique menée par Jacques Vergès et Georges Arnaud. Ils écrivent un manifeste, publié la même année aux Éditions de Minuit, Pour Djamila Bouhired. C'est, avec le livre d'Henri Alleg La Question, l'un des manifestes qui alerteront l'opinion publique sur les mauvais traitements et les tortures infligés par l'armée aux combattants algériens. Devant le tollé international soulevé par sa condamnation, elle est finalement graciée et libérée en 1962.

Après sa libération, elle travaille avec Jacques Vergès -qu'elle épousera en 1965- sur Révolution africaine, un magazine centré sur les révolutions nationalistes africaines. De son mariage avec Vergès, elle a eu deux enfants, Meriem et Liess Vergès. Le 20 novembre 1995, elle a une petite-fille, Fatima Nur Vergès-Habboub, de sa fille Meriem et du mari de celle-ci, Fouad.
Sa vie a été adaptée au cinéma par Youssef Chahine dans le film Djamilah, sorti en 1958.
Chahine, pour la rencontrer, se rendra en Algérie en pleine guerre d'indépendance, mais n'y parviendra pas. Son parcours est aussi évoqué dans la première partie du film L'Avocat de la terreur, consacré à Jacques Vergès.
Elle se distinguera par sa discrétion, loin des médias, des cercles officiels et de tous les lieux de pouvoir.

Aujourd'hui âgée plus de 75 ans, Djamila Bouhired est malade et elle n'a pas les moyens de se soigner. Indignée devant l'indifférence des autorités algériennes, elle a décidé, comme un ultime recours, de lancer un appel à l'aide à ses concitoyens.

« Bonjour, je suis Djamila Bouhired, condamnée à mort en 1957 par le tribunal militaire d’Alger. » C‘est par ces mots que l’ex-combattante du FLN a débuté sa lettre publiée dans le quotidien El Watan. Elle y décrit son dénuement, sa maladie, sa détresse, comme un appel au secours, cette lettre a suscité un énorme élan de solidarité à son égard.

Alors l’ex-combattante du FLN a décidé de devenir le porte-parole de ces anciens combattants. Dans une lettre ouverte adressé le 9 décembre 2009 au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, elle écrit :

« Monsieur,
Je me permets d’attirer votre attention sur ma situation critique. Ma retraite et la petite pension de guerre que je perçois ne me permettent pas de vivre convenablement. D’ailleurs, mon épicier, mon boucher, ma supérette pourront témoigner des crédits qu’ils m’accordent.
Il ne m’est jamais venu à l’esprit de compléter mes revenus par des apports frauduleux qui, malheureusement, sont très fréquents dans mon pays. Je sais que certains authentiques moudjahidine et moudjahidate sont dans la même situation, probablement plus critique. Je n’ai pas la prétention de les représenter ici, mais au poste où vous êtes, vous ne pouvez ni ne voulez connaître leur dénuement.
Ces frères et sœurs, dont l’intégrité est connue, n’ont bénéficié d’aucun avantage. La somme qui leur serait allouée ne pourrait dépasser les honoraires généreux attribués aux députés et sénateurs, ainsi qu’à vous-même et à tous les alimentaires qui vous entourent. Ainsi, je vous demanderais de ne plus nous humilier et de revaloriser notre dérisoire pension de guerre afin de vivre dans un minimum de dignité le peu de temps qui nous reste à vivre.
Avec mes sentiment patriotiques. »