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23 juin 2012

Béni Abbès et son histoire

Béni Abbès est une commune de la wilaya de Béchar, situé 250 km au sud-ouest de Béchar et à 1 200 km au sud-ouest d'Alger.
Pôle touristique aux portes du Grand Erg Occidental, la ville est également surnommée la Perle de la Saoura ou l'Oasis blanche.
Béni Abbès est bâtie sur une colline rocheuse sur la rive gauche de l'oued Saoura.
La ville est bordée au nord, à l'est et à l'ouest par le Grand Erg Occidental et au sud et au sud-ouest par la vallée de la Saoura.


50 km au sud, se trouvent les chaînes d'Ougarta (à côté de l'oasis d'Ougarta).
La population de Béni Abbès, comme le montre son histoire, a été formée d'un métissage de différentes tribus de provenance diverses. 
Cette particularité persiste de nos jours où la population constituée de différentes ethnies vie en harmonie. On distingue quatre ethnies principales :
  • Arabe: elle constitue la majeure partie de la population et dont en proviennent les tribus fondatrices (Oulade Mehdi, Ouled 
  • Rahou ...), Châamba et Ghenanma
       et d'autres moins importantes.
  • Arabophone: constitue une partie importante de la population, c'est un groupe d'origine africaine autochtone islamo-arabisé.
  • Berbère: une minorité constituée des immigrants des petites villes avoisinantes, Igli et Mazzer.
  • Touareg: une minorité qui vient de l'extrême-sud algérien, qui a des caractères spécifiques et dont les hommes occupent les emplois de bouchers et de forgerons.
Béni Abbès bénéficie d'un climat désertique chaud et aride.
Il ne pleut pas ou guère. Parfois des pluies occasionnelles provoquent des inondations ou la crue de l'oued Saoura. Le ciel y est bleu en permanence hiver comme été.
Les mois les plus froids sont décembre, janvier et février, où il fait entre un et 18 °C. Pendant les mois d'été, la température peut atteindre 45 °C avec un taux d'humidité d'environ 10 %.
Histoire de Béni Abbès
(Paléographie (Tifinagh) à l'entrée de la grotte de la louve )
Préhistoire
Le territoire de Béni Abbès était habité durant la préhistoire comme l'attestent les gravures rupestres de la région de Marhouma.
Les gravures rupestres de la région remontent au néolithique. Moins célèbres que les peintures rupestres du Tassili, elles font cependant l'objet d'études dès 1863.
Le panneau idéologique de Marhouma est une scène d'une complexité remarquable :
« Un orant portant sur la tête un disque barré et relié à un mammifère, entouré d'un animal blessé surmonté par un jeune et d'un homme serpentiforme. »
Les participants constituent une chaîne fermée ; la prière de l'orant établit un lien entre l'animal sacré, le chasseur, que le trait serpentiforme charge de signification, et le gibier.
Protohistoire
Peu de textes sont disponibles sur cette époque de l'histoire de Béni-Abbés. En revanche, on dispose de certains éléments archéologiques et topponymiques:
  • paléographie à l'entrée de Ghar diba (en arabe : غار الذيبة), la «grotte de la louve» ;
  • les appellations berbère des lieux, palmeraies, montagnes et ksour avoisinants. Ces toponymes sont antérieurs à l'arrivée des Arabes et à l'islamisation.
  • les vestiges de certains ksour dits habités par des berbères christianisés: Maurice Cortier explique dans son livre D'une rive à l'autre du Sahara :« Il existe près de Tamtert une ruine curieuse et d'origine inconnue; on l'appelle la « kasbah des chrétiens ». Par son antiquité elle serait sans nul doute intéressante à fouiller. En face s'ouvrent, parmi les roches, des cavernes profondes dont le percement ou l'utilisation semble remonter au delà des juifs et des berbères. ».

Période des dynasties musulmanes berbères et arabes


Les premiers habitants appartiennent à la tribu des Beni Hassane. Ils construisent deux ksour, Ghar diba et Haresse el-Lil (gardien de nuit). Ils quittent ensuite les lieux pour Seguia el Hamra et la Mauritanie au xiie siècle.
L'histoire de la fondation de l'actuel Béni-Abbés débute avec la légende de Sidi Othmane dit « El gherib » et son compagnon Sid Enoun. Suite à la bénédiction du lieu par Sidi Othmane, l'eau jaillit et le pays n'est plus un désert, la végétation se développe et la vallée se garnit de roseaux, d'arbres et de pâturages.
Quarante ans après la mort de Sidi Othmane, Mehdi Ben Youssef, descendant des Beniabbes (premier occupant de la ville) s'installe avec Ali Ben Moumen de la tribu Arib avec qui il a apporté des palmiers de l'oued Draa. Ils fondent le ksar des Oulad Mehdi, qu'habitent Youssef et Saïd, fils de Mehdi Ben Youssef et Mohamed, fils d'Ali Ben Moumen.
La région a vécu dans la paix et une prospérité de l'agriculture et du commerce, ce qui lui a apporté un grand nombre d'immigrants de diverses régions.

Deux frères quittent ensemble El Maïz à Figuig (dans l'actuel Maroc) en direction de l'est. Ali Ben Yahia, accompagné par Khalfi ben Abdel-Wassàa s'installe à Béni-Abbés et son frère fonde une confrérie dans la région de Charouine (Gourara). Ali Ben Yahia, agriculteur expérimenté, fonde le ksar des Ouled Rahou, qu'habitent Moulay et Rahou, ses enfants.

 Moussa Ben Ali vient de Tamantit ou du Gourara pour s'installer à Béni-Abbés au xive siècle. Très probablement, il venait de Tamantit, mais sa tribu avant de s'installer à Tamantit provenaient du Gourara.
Période Ottomanes
En 1593, le rebelle marocain Abu Mahali (en arabe أحمد بن عبد الله بن قاضي) s'installe à Béni-Abbés. El ayachi, dans son manuscrit Arrihla al ayachia, écrit en 1662 : «... personnage qui jadis se mit en état de révolte ouverte, et dont la sédition avait commencé dans ce bourg. Aujourd'hui encore sa maison est connue et on la montre aux voyageurs»
Le développement et la prospérité continus de la région lui apportent également des ennemis, dont les Ghenanma. Une longue période de razzia pousse les Abbabsa à porter plainte contre les Ghenanma auprès du roi de Fès. Des soldats du Makhzen dite Mkhaznia quittent Fès en direction de Béni-Abbés et passent en chemin par Zaouiet Men-Laikhaf au Tafilalet, où un marabout nommé Mohamed Ben-Abdeslam les rejoint
À l'arrivée à Béni-Abbés, les Mkhaznia battent les Ghenanma. Les Abbabsa, vivant alors dans des ksour séparés, demandent à Mohamed Ben-Abdeslam de s'installer avec eux pour l'étude du Coran. Il accepte à condition qu'ils construisent un nouveau ksar très bien fortifié au sein de la palmeraie, chose que les Abbabsa acceptent en laissant le choix de l'emplacement au marabout.
Mohamed Ben-Abdeslam fonde le nouveau ksar au sein de la palmeraie en 1605 et qui porte le nom de Béni-Abbés.
Un peu plus tard, de Tamantit vient Taleb Belkacem Ben-Abdelah pour s'installer a Béni-Abbés.
L'association des descendants de ces personnes avec les haratines forme la population dite Ababsa. Une autre population dite Ghenanma (Ouled Hamou) vit dans un ksar indépendant.
Période de la colonisation française
Béni-Abbés a été occupée par les Français le 1er mars 1901, le général Risbourg (chef de corps de la division d'Oran qui est une division d'infanterie de l'armée de terre française qui fit notamment partie du 19e corps d'armée basé en Algérie.) l'a visitée le 2 mars de la même année.
La loi du 30 mars 1902 stipule la création de cinq compagnies sahariennes commandées par des officiers des Affaires indigènes. La compagnie de la Saoura à Béni-Abbès était forte de six officiers et de deux cent deux sous-officiers et méharistes, répartis en un peloton de commandement et trois pelotons méharistes.En 1904, deux compagnies sahariennes se créent, l'une à Beni-Abbès, l'autre à Colomb-Béchar. Ces aménagements étaient destinés à l'organisation défensive des confins algéro-marocains.

( Halte à Béni Abbès - Peinture d' Abdelkrim Hamri )

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