Cet épisode très véridique, qui remonte
au XVIIIè siècle, a pour héroïne la fille de Cheick Bouaziz ben Nacer, seigneur
des Hanencha (Souk-Ahras), confédération qui résista longtemps aux tentatives
faites par les pachas de Constantine et de Tunis pour la soumettre.
En 1724 donc, les beys de Constantine et
de Tunis essayèrent de soumettre le seigneur des Hanencha en l’attaquant à
l’improviste. Sulan Bouaziz (c’est le titre que ceux de la confédération lui donnèrent)
fut attaqué et défait par Hossein, bey de Constantine, qui lui enleva 8.000
chameaux, les bœufs et même les tentes. Le bey, non content de cette capture,
voulut le prendre et le faire périr. Il laissa son khalife le poursuivre, avec l’armée turque. Bouaziz
fit assembler ses troupes pour les encourager à se défendre; mais il trouva des
esprits faibles qui, face à l’avantage
que les turcs venaient de remporter, perdirent courage et qui lui dire
nettement qu’ils avaient résolu de se soumettre.
Le pauvre sultan était au désespoir et se
voyait perdu lorsque sa fille, prénommée Euldjia, se fit apporter ses vêtements
les plus beaux et, s’étant vêtue, monta à cheval, appela les femmes et les
filles, parentes ou amies, qui montèrent aussi à cheval. Elle les harangua en
leur disant :
« Puisque ces hommes n’ont pas le courage
d’aller contre les turcs qui viendront bientôt nous violer à leur yeux, allons
nous-même vendre chèrement notre vie et notre honneur et ne restons pas avec
ces lâches »
Puis, découvrant sa gorge et la montrant
aux hommes, elle leur cria :
« Enfants de Nacer ! Qui voudra
sucer de ce lait n’à me suivre ! »
Les hommes, piqués de l’héroïsme de
cette fille, donnèrent sur les turcs avec tant de violence qu’ils défirent le
camp, remportèrent une partie du butin qui leur avait été enlevé, firent
prisonnier le khalife et dépouillèrent tous les turcs.
Ce haut fait d’armes a par la suite donné
lieu à une poésie qui non seulement dépeint bien l’état des esprit batailleurs
de l’époque, mais fournit un témoignage éloquent sur Euldjia bent Bouaziz ben
Nacer, la belle héroïne des Hanencha.
Crédit photos : Hocine Ziani peintre algérien
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