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15 avril 2012

LE 15 MARS 1962 : MOULOUD FERAOUN ASSASSINÉ PAR UN COMMANDO DE L’OAS


«Mouloud Feraoun était un écrivain de grande race, un homme fier et modeste à la fois, mais quand je pense à lui, le premier mot qui me vient aux lèvres c’est le mot : bonté.»... a écrit dans le journal le Monde du 18 mars 1962, Germaine Tillion, trois jours après l’assassinat par un commando delta de l’OAS de Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould Aoudia, un groupe d’origine et de confessions diverses.

Mouloud Feraoun est né en Grande-Kabylie, Max Marchand, Oranais d’adoption est titulaire d’un doctorat ès lettres, Marcel Basset vient du Pas-de-Calais,  Robert Aimard, de la Drôme, Salah Ould Aoudia catholique et Ali Hammoutène musulman, mais tous ont une passion commune : Celle d’être du côté des damnés de la terre. Ils sont six inspecteurs de l’éducation nationale, réunis le 15 mars 1962, trois jours avant la signature des accords d’Evian, à Château-Royal dans le quartier d’El Biar, près d’Alger... Tous responsables des centres sociaux lancés en 1955 par Germaine Tillion, Cette ethnologue résistante contre l’occupant nazi de son pays et qui n’hésitera pas en juillet 1955 de rencontrer clandestinement Yacef Saadi.


Les centres sociaux sont des structures d’alphabétisation et d’action sociale envers les plus défavorisés en Algérie. Germaine Tillion morte centenaire en 2008, s’est élevée contre la torture en Algérie. Résistante dans son pays, c’est un abbé qui va la dénoncer aux nazis… il sera, en 1949, fusillé.  Ces cinq inspecteurs se savaient en danger. Cinq mois auparavant, Maxime Marchand est visé par un attentat à la bombe qui fit s’écrouler l’immeuble de l’inspection académique où il résidait. Ce 15 mars, à 10 heures, un commando  armés de pistolets-mitrailleurs investit les lieux. Le commando Delta dirigés par Roger Degueldre venait de signer en public cet assassinat. Il ne sera jamais inquiété, arrêté… Gabriel Anglade membre de ce commando va même se vanter d’avoir vidé son chargeur sur Mouloud Feraoun auprés de l’historien Alexander Harrisson « Challenging de Gaulle. The OAS and the contre-révolution in Algeria, Ed. Praeger, New York, 1989 ». Gabriel Anglade  sous la bannière de l’UMP a poursuivi une carrière politique et compte parmi ses soutiens Christian Estrosi, qui fut ministre de l’Aménagement du territoire sous le  premier gouvernement de Fillon « Le temps des excuses est fini »  avait alors déclaré à Nice, ce membre du gouvernement, accoudé à un stand où l’on exposait des effigie à l’image de Salan et des pin’s de l’OAS.

Patrick Buisson naît la même année de l’exécution de l’abbé responsable de la déportation de Germaine Tillon… Quand les inspecteurs sont assassinés, il a tout juste 13 ans, lycéen, il se fait pourtant remarquer. Il sera l’un des rares élèves à refuser de respecter la minute de silence en leur hommage. Il deviendra l’une des figures marquantes de l’extrême droite française et conseiller du président Nicolas Sarkozy. En le décorant  en 2007, de la Légion d’honneur le président aura ces mots pour lui  : « C’est à lui que je dois d’avoir été élu !»

Le premier roman de Mouloud Feraoun est  autobiographique « Le Fils du pauvre »  L’Algérie modeste, pauvre, digne… accède d’un seul coup à une sorte de visibilité. D’origine modeste… son père ouvrier est victime d’un accident de travail. sa famille n’a que sa pension d’invalidité pour survivre… » Le fils du pauvre sera son premier roman ».

Il manie le français mais c’est pour mieux dire, pour reprendre une expression d‘un autre lettré plus tard « son origine, ses racines et sa mémoire ». Il se décrit et le lecteur prend conscience des prénoms indigènes que la majorité des romanciers de son époque et avant lui ont méthodiquement gommés dans leur histoire. Il n’ose pas parler de ce premier roman à un de ses amis Emmanuel Roblès… Cet autre écrivain né à Oran qui écrira plus tard Saison violente, un récit intimiste qui raconte son enfance et ses premiers émois amoureux à Oran. Avec Le Fils du pauvre  Feraoun décroche le  Prix littéraire de la ville d’Alger. C’est la première fois qu’un auteur non européen le reçoit. On est en 1952. Suivent La terre et le sang (1953) qui reçoit le Prix populiste ; Jours de Kabylie (1954) ; Les chemins qui montent (1957). En 1957, il est muté à Alger, en 1960 il intègre la structure des centres socio-éducatifs. Son destin est en marche

Sourcewww.nessnews.com

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