Gravir les ruelles de la Casbah d'Alger jusqu'à la citadelle, l’ancienne résidence des Deys d’Alger (chef du gouvernement), juchée à 118 mètres de hauteur, c'est remonter le temps, se plonger dans un livre d'histoire, en l'occurrence l'histoire de l'Algérie tout entière.
Aujourd'hui, la Casbah tente de se restaurer, à l'image de l'Algérie qui essaie, elle aussi, de reprendre vie et de sortir de ses années noires. Et ce n'est pas facile.
Un peu d'histoire donc : on doit la citadelle qui domine Alger la Blanche, aux corsaires turcs, les frères Barberousse, Aroudj et Khaïr al-Din. Après la prise d'Alger (El Djazaïr) en 1515, Khaïr al-Din y prend ses quartiers et fait construire en 1516 des remparts qui s'ouvrent sur six portes, premiers jalons de la Casbah.
La citadelle est alors une sorte de garnison militaire, où logent les janissaires (miliciens turcs). Elle sera achevée en l'an 1000 de l'hégire (1591).
Dans cette citadelle, le 30 avril 1827 le dey Hussein eut sans doute un geste maudit en giflant de son éventail, et par trois fois, le consul de France, venu tergiverser pour une dette due par la France à Alger. Une vieille créance pour des achats de blé à des commerçants juifs qui remontait à 1792.
C'est l'occasion rêvée pour la France de s'en prendre à ces Turcs qui dominent la Méditerranée. On n'a pas encore en tête l'idée de coloniser le pays. Charles X envoie en juin 1827 une première escadre pour imposer un blocus à Alger mais sans grand succès. Il monte donc une expédition "punitive".
Le 25 mai 1830 une flotte impressionnante met les voiles dans le port de Toulon, avec à sa tête l'amiral Duperré : 35 000 soldats, 100 navires de guerre, 350 navires marchands, des frégates, des corvettes, le tout débordant de canons, de voitures, de chevaux.
Le 14 juin, l'armada française débarque sur la plage de Sidi Ferruch, à 25 kilomètres d'Alger. Après trois semaines de siège et de bombardement, le dey Hussein capitule et remet Alger, le 5 juillet, au général Bourmont, le ministre de la Guerre du roi Charles X.
Le fond de l'histoire est en fait un peu plus compliqué que l'anecdote de l'éventail du 30 avril.
Dès le 3 mars 1830, dans son discours à la Nation, le roi Charles X avait déclaré : "il faut délivrer la France et l'Europe du triple fléau que les puissances chrétiennes ont enduré trop longtemps, l'esclavage de leurs sujets, les tributs que le dey exige d'elles et la piraterie qui ôte toute sécurité aux côtes de la Méditerranée". Que le consul de France eût été souffleté ou pas, l'affaire était donc entendue. Et ce n'est pas le drapeau bleu blanc rouge que fera flotter en haut de la Casbah le général Bourmont, mais celui, blanc à fleurs de lys, de la royauté.
C'est l'occasion rêvée pour la France de s'en prendre à ces Turcs qui dominent la Méditerranée. On n'a pas encore en tête l'idée de coloniser le pays. Charles X envoie en juin 1827 une première escadre pour imposer un blocus à Alger mais sans grand succès. Il monte donc une expédition "punitive".
Le 25 mai 1830 une flotte impressionnante met les voiles dans le port de Toulon, avec à sa tête l'amiral Duperré : 35 000 soldats, 100 navires de guerre, 350 navires marchands, des frégates, des corvettes, le tout débordant de canons, de voitures, de chevaux.
Le 14 juin, l'armada française débarque sur la plage de Sidi Ferruch, à 25 kilomètres d'Alger. Après trois semaines de siège et de bombardement, le dey Hussein capitule et remet Alger, le 5 juillet, au général Bourmont, le ministre de la Guerre du roi Charles X.
Le fond de l'histoire est en fait un peu plus compliqué que l'anecdote de l'éventail du 30 avril.
Dès le 3 mars 1830, dans son discours à la Nation, le roi Charles X avait déclaré : "il faut délivrer la France et l'Europe du triple fléau que les puissances chrétiennes ont enduré trop longtemps, l'esclavage de leurs sujets, les tributs que le dey exige d'elles et la piraterie qui ôte toute sécurité aux côtes de la Méditerranée". Que le consul de France eût été souffleté ou pas, l'affaire était donc entendue. Et ce n'est pas le drapeau bleu blanc rouge que fera flotter en haut de la Casbah le général Bourmont, mais celui, blanc à fleurs de lys, de la royauté.
1954-1962, autres années noires pour la Casbah, la guerre d'Algérie. En 1957, le général parachutiste Massu a pour mission de liquider le réseau de l'Armée de libération nationale (ALN) à Alger, dirigé par Yacef Saadi. La ville est "pacifiée" selon la litote favorite des militaires, et Saadi capturé au mois d'août.
L'épilogue de cette sinistre opération de pacification aura lieu le 8 octobre de la même année, au 5 Rue des Abderames, avec le dynamitage par les paras de Massu de la cache des deux derniers responsables encore vivants du FLN dans la Casbah : Ali-la-Pointe et sa compagne Hassiba Bent Bouali qui périront sous les explosifs. Une plaque commémorative rappelle ces événements tragiques qui ont secoué la casbah à cette époque.
Cette "pacification", le cinéaste italien Gillo Pontecorvo en fera un film, en 1966 La Bataille d'Alger.
L'épilogue de cette sinistre opération de pacification aura lieu le 8 octobre de la même année, au 5 Rue des Abderames, avec le dynamitage par les paras de Massu de la cache des deux derniers responsables encore vivants du FLN dans la Casbah : Ali-la-Pointe et sa compagne Hassiba Bent Bouali qui périront sous les explosifs. Une plaque commémorative rappelle ces événements tragiques qui ont secoué la casbah à cette époque.
Cette "pacification", le cinéaste italien Gillo Pontecorvo en fera un film, en 1966 La Bataille d'Alger.
Aujourd'hui, la Casbah réapprend à vivre depuis qu'elle a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en décembre 1992. De timides opérations de restauration ont débuté, mais il y a urgence car la Casbah se meurt à petit feu : sous les pluies, quand ce ne sont pas les secousses telluriques, les douérates (on appelle ainsi les anciennes constructions de style maure d'Alger) s'écroulent.
Des 2 000 bâtisses qui existaient en 1962, il n’en restait que 1860 en 1980 et à peine 800 aujourd'hui.Un premier plan de sauvegarde a été lancé en 1981 mais il en est resté aux études. En 1998 ce fut au tour du Centre national d’études et de recherches en urbanisme (CNERU) de se pencher sur la question, mais son plan est resté, lui aussi, sans suite.
Le "dernier" plan - promis juré - devait voir le jour pour la fin de l'année 2007. En attendant, les nostalgiques peuvent toujours se consoler en allant voir Jean Gabin dans Pépé le Moko. Mais on les prévient : Julien Duvivier avait tourné son film en 1936 entièrement dans des décors.
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